BÂTON DE CROISURE
Livre de 68 pages, août 2005, 24 centimètres sur 19 centimètres, imprimé sur Hanami rose profond 34 grammes et Pop'set violette 80 grammes, cousu, couvrure en toile, premier plat imprimé, étui imprimé.
Définition : ce qui tient le nœud en attente dans une tapisserie. Dans une des pages noires de Panneau de seuil, il y a peut-être un bâton de croisure. Quand au nœud il ne tient rien, et même, il n'y tient plus et s'échappe au fil des pages. La dynamique du livre, séquentielle et contrainte, est absolument requise pour rendre possible la lecture des images, qui prennent sens dans le parcours construit par la couture en cahier des feuilles imprimées ainsi encartées et tenues. Jeu sur l'opacité des pages qui portent la figure mouvante du bâton, et la transparence de celles qui portent la figure en évolution régulière du ruban. Le ruban cherche à recouvrir le bâton, mais diminue de douze centimètres à chaque page. Souvent, dans les livres, les pages en matière fine et translucide sont des serpentes : elles protègent matériellement les images et évitent à leurs matières de se déporter sur la page en vis-à-vis. Elles n'ont pas pour fonction de dissimuler, mais au contraire de laisser voir autant que possible. Cette fonction est ici inversée. Le livre est construit de façon symétrique. Après la page centrale, le ruban croît au rythme où il avait décru. La page centrale, en noir, porte l'ensemble des segments coupés. Ces rubans en cours de raccourcissement systématique, leurs chutes régulières, le livre porte bien la trace du geste, en est la mémoire. Les marges de fond de cahier sont marquées en bas d'un carré de couleur. La construction du corps d'ouvrage en un cahier encartant l'ensemble des feuilles voit se correspondre les carrés deux à deux, en face à face, par couleur. La logique des réclames du texte imprimé n'est pas loin, mais là encore, transposée dans le registre propre de l'image. Marie-Jeanne Boistard, 2006.
25 exemplaires numérotés, signés.